C’est avec émotion que le skipper a mis pied à terre dans son port d’attache où l’attendaient son équipe technique et l’équipe d’Océanopolis, partenaire scientifique de l’aventure du skipper.
Brest, ça se mérite
La dernière ligne droite vers la cité du Ponant n’aura pas été simple. La remontée du sud de l’Espagne à la Bretagne s’est faite dans des conditions plutôt molles. « Le vent était faible et surtout contraire (Nord-Nord-Ouest) », a confié Bernard à son arrivée. « Le flux de sud est rentré seulement ce matin… C’est plutôt rageant, car nous étions pressés d’arriver, nous avons du boulot d’ici à lundi, jour où nous partons pour l’île de Wight. Mais ce n’est jamais inintéressant de naviguer dans ce type de conditions, on apprend toujours, on joue avec les réglages. Une chose est sûre, ça fait du bien de rentrer à la maison. Je suis vraiment heureux d’être ici, avec mon bateau. On attendait cela depuis longtemps. Le voir amarré dans le port du Château, c’est une vraie belle étape du projet ».
Le 60 pieds Cheminés Poujoulat a été accueilli en rade par l’équipe d’Océanopolis qui œuvre, avec l’aide de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, sur le projet de mini laboratoire que le skipper a souhaité mettre en place dans son bateau. Pour Eric Hussenot, le directeur d’Océanopolis, cette arrivée était un grand moment. « C’est la première fois que je voyais le bateau sur l’eau, vivre, enfin. C’était très émouvant de voir les voiles arriver au loin et se rapprocher petit à petit, pour enfin découvrir l’engin. Ce bateau est superbe esthétiquement, car pour le reste je n’y connais rien, même s’il apparaît ‘redoutable’. À un moment, il y a eu une risée et le bateau a pris de la vitesse dans la seconde. Il a l’air puissant ». À quai, Bernadette Abiven, adjointe au maire de Brest métropole océane était présente pour saluer et souhaiter la bienvenue au skipper et à sa monture.
Manœuvres et tests à toutes les allures
« Sur ce parcours nous avons rencontré des conditions de vent et de mer très variées… Des périodes de petit temps, du vent soutenu, du près, des allures portantes… Nous avons ainsi pu valider pas mal de choses. D’autres sont encore à mettre au point comme les systèmes d’enroulement des voiles d’avant ou de barre, qui, bien que très réactif, reste un peu dur dans les conditions musclées. Ce que l’on appelle dans l’équipe la ‘job liste’ a pris des allures d’encyclopédie, mais c’est une bonne chose. Cela signifie que nous avons bien optimisé ces navigations. En tout cas, globalement, nous avons pu constater que le bateau réagit bien, qu’il se comporte comme on s’y attendait. Il est réactif, il prend rapidement de la vitesse, possède une belle assiette et sa silhouette est aérodynamique. Ca mouille un peu, mais nous allons améliorer cela ».
Ce grand convoyage aura permis à Bernard de découvrir son nouveau monocoque au large, de tester, expérimenter, vérifier et valider le matériel mais également de faire découvrir son univers, sa façon de naviguer et ses attentes à ceux qui travaillent autour de son projet. Ainsi, Jean-François Cuzon son binôme sur la Transat Jacques Vabre et ingénieur électronique et informatique, Gautier Lévisse l’ingénieur projet, Emeric Lynch le responsable composite, Bruno Dubois maitre-voilier chez North Sails, Konstantin Starchev l’ingénieur en charge des caméras embarquées et de la reconstitution optique des voiles ou encore Jean-Claude Monnin de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne qui se penche sur la question du pilote automatique, ont parcouru quelques milles à bord de Cheminées Poujoulat. « Pour moi, c’était extrêmement important d’emmener toutes ces personnes à bord du bateau. C’est en effet primordial qu’ils se rendent compte par eux-mêmes de ce qu’est la vie à bord d’un monocoque Imoca."
Pour la dernière étape entre Cadix et Brest, Bernard a embarqué Xavier Briault qui rejoindra l’équipe dès leur retour de la Rolex Fastnet Race. Ce spécialiste du gréement à déjà travaillé avec le skipper suisse de 2006 à 2007 et n’a pas caché son plaisir de découvrir son troisième 60 pieds. « C’était avant tout un plaisir de re-naviguer avec Bernard. Ce nouveau bateau est superbe, il procure de très belles sensations. Le fait de naviguer cinq jours non-stop comme sur cette dernière étape permet de s’approprier un peu le bateau, d’avoir un regard critique sur les choses et de repérer pleins de petits détails qu’il faut faire évoluer. Mais c’est normal, un bateau c’est comme une maison, ce n’est jamais vraiment fini ».
Cheminées Poujoulat va rester cinq jours dans le port du Château avant de larguer les amarres pour l’île de Wight en Angleterre où auront lieu les premières confrontations avec ses adversaires. L’Artemis Challenge (tour de l’île) en équipage pour débuter, suivi de la mythique Rolex Fastnet Race que Bernard courra en double avec Jean-François Cuzon pour commencer à préparer la transatlantique automnale.
Programme sportif 2011
10 août : Artemis Challenge
14 août : Rolex Fastnet Race
31 octobre : Transat Jacques Vabre