Première course
« La course du Fastnet est une épreuve qui réserve bien souvent des surprises côté météo et qui peut se révéler très dure » lâchait Bernard Stamm il y a quelques semaines, au moment de détailler son programme de course de l’année 2001.
Cette 44e édition de la plus mythique des régates britanniques n’a pas failli à sa réputation. Preuves en sont les conditions très musclées – voire violentes - rencontrées notamment sur la deuxième moitié au parcours, entre le phare du Fastnet et Plymouth : 25-30 de vent et des vagues de cinq mètres. « Cela nous a permis d’afficher des vitesses moyennes importantes au reaching (pointe à 24 nœuds, allure à laquelle Cheminées Poujoulat a montré un très fort potentiel. Il n’empêche que cette allure n’est pas des plus agréables et encore moins des plus confortables d’autant que nous n’avions pas encore installé à bord du bateau les systèmes de protection prévus. Nous avons donc beaucoup été sous l’eau, c’était chaud ! », relatait le skipper suisse, peu après son arrivée à terre.
De fait, lui et son équipe avaient fait le choix d’attendre de naviguer dans des conditions extrêmes avant de fixer ce qui doit l’être en terme de protection afin d’être le plus précis possible. « À présent, nous avons pas mal de travail pour rendre le bateau plus humain. C’est normal, à ce jour, il reste des choses à régler, à caler. Le poste de barre n’est pas fini, le système de matossage n’est pas en place…. Nous devons également installer des cales pieds et tout un tas de petits éléments qui rendront la vie à bord plus facile et le niveau de performance plus haut », a poursuivit Bernard.
Sentiment partagé par Jean-François Cuzon, son partenaire de jeu. « Pour mouiller, ça mouillait. Je n’avais plus une polaire de sèche avant même d’arriver au rocher du Fastnet. Cheminées Poujoulat est vraiment puissant, il est dur à manœuvrer et il va falloir penser à des aménagements pour pouvoir vraiment l'exploiter à fond. Mais maintenant, nous savons et nous allons organiser les choses en conséquence ».
Duo éprouvé et approuvé
Les deux navigateurs n’ont cependant pas caché leur satisfaction de terminer au coude à coude avec les ténors de la classe. « C’était super d’être au contact avec les autres et ça l’était d’autant plus que Jeff et moi avons commis plusieurs erreurs qui nous ont fait perdre de précieuses minutes. Contrairement à nos adversaires, nous étions souvent plus concentrés sur la bonne marche du bateau que nous découvrons que sur la stratégie et la tactique. Quoi qu’il en soit, le constat est clair : le bateau va vite, spécialement au reaching. Je suis vraiment satisfait », a expliqué Bernard.
« Au fur et à mesure de la navigation, nous avons commencé à avoir plus de repères et certains automatismes sont apparus ce qui est une bonne chose car il ne faut pas passer son temps à réfléchir à ce que l'on doit faire ou aux choix des voiles… Il faut que les choses deviennent instinctives », a rajouté Jeff, heureux de sa collaboration avec Bernard sur ces dernières 48 heures.
« En tant que nouveau 'couple', la navigation s'est bien passée, même si l'on se cherche encore un peu évidemment. Nous avons chacun nos expériences et nos habitudes. Il va falloir s'organiser, trouver un fonctionnement et converger vers la même chose ».
La suite du programme
Cheminées Poujoulat va reprendre la mer dès ce soir pour rallier le port de Brest qu'il devrait atteindre demain matin en route directe car le vent va passer ouest puis nord-ouest en début de soirée. Le bateau sera alors sorti de l'eau et mis en chantier pour mettre en place toutes les modifications envisagées après ces dernières navigations riches d'enseignements. Après cela, le duo Bernard - Jeff participera aux entraînements prévus à Port-la-Forêt.