Au sein du CRESS - Cabinet de Recherche et d'Expertise en Sport et Santé -, Loïc s’occupe notamment de l’équipe de France de Rugby ou du suivi personnalisé de nombreux sportifs. Il nous détaille le programme d’entrainement bien spécifique qui attend Bernard en vue de ses prochaines compétitions.
Vous travaillez avec Bernard depuis longtemps, la préparation physique est-elle toujours identique ?
Je travaille avec Bernard depuis 2004. La préparation est totalement évolutive selon les challenges qu’il se fixe. Cette année, notre objectif principal est le Vendée Globe mais il doit aussi être prêt pour le départ de la transat Jacques Vabre. Pour que le programme s’adapte à ses objectifs, je dois tenir compte de son état physique, de ses éventuelles blessures, et bien sûr, des caractéristiques du bateau.
Quel est le rôle de la préparation ?
Le but de la préparation est de permettre à Bernard d’économiser son énergie, et de ne pas perdre trop de masse musculaire pendant ses courses. Il faut impérativement prévenir une baisse de performances une fois en mer. Une bonne préparation lui fera d’économiser son énergie sur le bateau. La stabilisation permanente, pendant 90 jours, est éprouvante pour l’organisme, et c’est impossible d’avoir une récupération complète. Nous mettons donc sur pieds un travail de musculation spécifique pour qu’il affronte les longues semaines de course. Ce serait dommage, avec un tel bateau et un bon état physique qu’un genou par exemple se bloque en mer et hypothèque ses chances de victoire. Il faut tout prévoir pour éviter le moindre pépin.
Vous travaillez avec beaucoup de sportifs au sein du CRESS, quelles sont les particularités à prendre en compte dans l’entraînement d’un skipper ?
Quand je travaille avec un footballeur par exemple, c’est pour qu’il puisse tenir toute une saison. Là, pour un skipper comme Bernard c’est totalement différent, il faut être prêt pour le départ des courses, et anticiper sa baisse de forme quand il sera en mer. Elle doit être ralentie au maximum. C’est donc une préparation totalement spécifique et un travail complet. J’ai aussi fait appel à un nutritionniste pour adapter sa nourriture à ses dépenses énergétiques. Et pour prévenir blessures, il travaille avec un médecin.
Quel est le planning des entraînements ?
J’ai très souvent Bernard au téléphone pour faire le point avec lui, et il me donne tous ses plans de navigation. Par rapport à ses nombreux déplacements je dois constamment m’adapter. Les séquences sont différentes selon le matériel dont il dispose : piscine, musculation en salle, vélo, course à pieds. Je dois tenir compte de ses impératifs et de son planning chargé, tout en essayant de lui imposer un travail constant. Quand Bernard navigue, il est équipé d’un cardio et il me transmet le relevé des données. J’étudie ensuite ce qui cause trop d’efforts, pendant les manœuvres par exemple, et nous essayons d’y pallier une fois qu’il est à terre. Je peux donc le suivre à distance quand il navigue.
A quelques semaines du départ de la Jacques Vabre, Bernard doit-il plus s’entraîner ?
Non, il suit un programme de fond, l’objectif principal c’est le départ du Vendée Globe. Il doit être affuté physiquement pour la transat Jacques Vabre, mais il sera dans sa forme optimale pour le Vendée Globe en 2012.