Après avoir choisi de mettre un peu de sud dans leur route pour échapper au plus fort du mauvais temps, enchaîné des virements de bord et accepté de perdre du terrain face aux deux leaders de la flotte Imoca ayant persisté dans l’ouest, Bernard Stamm et Jean-François Cuzon ont signalé, hier soir aux alentours de 23h30 à la direction de course de la Transat Jacques Vabre, que Cheminées Poujoulat était victime d’une importante voie d’eau à l’avant de la cadène (pièce sur laquelle sont frappés les câbles tenant le mât) sur le côté tribord alors qu’ils naviguaient dans 30 nœuds de vent, à 130 milles dans le nord des Açores et pointaient en 3e position du classement. « Le bateau filait à 15-16 nœuds au reaching. Nous naviguions sous trinquette avec deux ris dans la GV mais nous venions de décider de prendre un deuxième ris et de changer la voile avant en envoyant l’ORC. C’est à ce moment-là que je suis rentré à l’intérieur et que j’ai constaté que c’était plein d’eau. Sous le vent, j’ai notamment aperçu le gennaker que nous avions rentré en vrac au moment du départ dans la soute. Il avait migré tout seul dans la cellule de vie. Je n’ai pas eu besoin de réfléchir longtemps pour comprendre l’ampleur du problème. Nous avons immédiatement arrêté le bateau. Une voie d’eau particulièrement visible est apparue. Rapidement, nous avons tout fait pour sécuriser Cheminées Poujoulat », a détaillé le skipper suisse, peu après son retour sur la terre ferme.
Dans un premier temps, le duo avait envisagé un remorquage jusqu’à l’archipel malheureusement, les conditions météo exécrables qui ballaient actuellement l’Atlantique nord – 45 nœuds de vent et une mer très formée – ne permettaient pas, ni à un chalutier ni à une quelconque embarcation, de quitter les Açores avant deux ou trois jours. « Il nous a fallu faire des choix. Le monocoque ne coulait pas. Alors, dans un premier temps, nous avons d'abord essayé de voir si nous pouvions nous faire aider par un autre bateau. Mais, impossible avant un grand laps de temps. Nous avons également tenté de naviguer mais la coque se remplissait d’eau à vitesse grand V. Comme dehors, c’était relativement dantesque, nous avons jugé qu’il n’était pas raisonnable de rester à bord trop longtemps et nous avons déclenché la balise de détresse ce matin à 10h20 ». Le signal, reçu par le Cross Gris Nez, a été relayé au MRCC de Punta Delgada, sur l’île de San Miguel, déclenchant ainsi les secours. Dans la foulée, un hélicoptère a été envoyé sur zone pour rejoindre Cheminées Poujoulat situé à 230 milles de son point de départ. Précisément guidé par la balise Argos du bateau capable de fournir des positions toutes les demi-heures et grâce à laquelle il avait été établit qu’il dérivait à deux nœuds, cap au 165°, cet hélicoptère est arrivé peu avant midi à proximité de Bernard et Jeff. Equipés de leur combinaison de survie et de l’ensemble du matériel de sécurité nécessaire à leur sauvetage, les deux hommes ont été hélitreuillés avant de rejoindre l’île de Tercera. Le fait que cette opération se déroule de jour facilitant sans doute celle-ci également. « Lorsque les secours sont arrivés, ils nous ont expliqué ce que nous devions faire. Conformément à leurs instructions, nous avons sauté dans le radeau de survie avant de couper les liens qui nous relaient au bateau. Ensuite, un plongeur est descendu nous chercher l’un après l’autre. Tout s’est bien passé » a expliqué Bernard dont l’équipe technique travaille d'ores et déjà sur une opération de récupération du monocoque 60’. Un membre de l'équipe ayant déjà décollé pour les Açores pour une arrivée ce soir sur l'archipel.
Toute l''équipe de Cheminées Poujoulat remercie chaleureusement l'ensemble des intervenants ayant participé au sauvetage de Bernard et Jean-François.