Cheminées Poujoulat remis à l’eau ce matin

14.04.12, 12:00
Mise à l'eau © Dominique LEROUX
La collision avec un OFNI sur la dernière Transat Jacques Vabre n’est plus qu’un mauvais souvenir. Cheminées Poujoulat a été remis à l’eau à Brest ce matin dans des conditions idéales, marquant la fin d’un chantier de longue haleine et le début d’une nouvelle aventure. Satisfait et heureux, Bernard Stamm se félicite du travail accompli par son équipe. Interview.

Comment s’est passée à remise à l’eau de Cheminées Poujoulat ?
Très bien, dans des conditions idéales de vent. Il fait grand beau, la marée monte, le bateau flotte. Il ne prend pas l’eau, le moteur tourne, tout suit son cours normalement. Une fois mâté, il sera déplacé au Port du Château, à son emplacement habituel. C’est sympa de le voir à l’eau, même si ce n’est qu’une étape dans le travail. On a encore pas mal de choses à faire, tout remonter, refaire les réglages, naviguer en écoutant le bateau. Mais là, déjà, il flotte, c’es top. On est vraiment satisfaits de le remettre à l’eau et de se remettre en mouvement !

Le bateau a beaucoup souffert sur la Transat Jacques Vabre. Quelles réparations avez-vous effectuées ?
Nous avons du reconstruire une partie du bordée tribord. La pièce de plus de 17-18 m2 a été taillée dans le moule d’origine chez Decision SA, en Suisse. Ca n’a pas été contraignant pour nous. Cet aspect du chantier était l’un des points chauds au départ mais tout s’est bien passé et Decision a été très réactif. Nous avons pu préparer le greffage ici en amont. Nous en avons profité pour séparer le panneau en deux pour qu’en cas de choc, le même problème ne se pose pas. Il a fallu également reconstruire la quille. Il faut trois mois et demi incompressibles pour en refaire une. Cela rentrait tout juste dans le temps imparti. Elle est arrivée à temps mais nous avons perdu quelques jours à cause de petits ajustages à faire qui ont retardé la remise à l’eau du bateau.

Et niveau optimisation ?
Nous avons changé le roof. On a fait le Fastnet l’an dernier avec celui d’origine pas tout à fait fini. Il était tellement peu protecteur qu’on a décidé d’en changer une partie. Il a fallu le dessiner, le concevoir et le faire construire chez JMV à Cherbourg cet hiver. Comme pour la pièce de bordée, on a préparé le greffage à Brest et une fois le nouveau roof reçu, on la mis en place. On ne savait pas combien de temps cela prendrait mais on a réussi à prendre les bonnes décisions au bon moment et respecter le planning.

Et en dehors de ces trois gros morceaux ?
Il y a eu énormément de réparations à faire qui ont pris du temps. Quand j’ai récupéré le bateau, il flottait entre deux eaux, immergé jusqu’au niveau du pont. Le mât n’a pas trop souffert mais il a fallu analyser tout le reste, comprendre ce qui s’était passé car nous n’avons pas senti de choc. Tout était quasiment détruit à l’intérieur, le circuit informatique, électrique, électronique... Une partie de l’accastillage a également souffert. Même les voiles sont sorties de la soute à voiles et se sont entourées autour du système de barre ! Il y avait des trous un peu partout, des portes arrachées. Sans oublier la peinture et les finitions. Il a fallu aussi refaire tout le câblage mais également recommander des pièces aux quatre coins du monde et faire en sorte qu’elles arrivent au bon moment, au bon endroit.

Organiser un tel chantier, ça ne doit pas être simple?
L’ancien directeur technique a quitté le Team juste avant la Transat Jacques Vabre. Philippe Laot l’a remplacé mais vu qu’il découvrait le bateau, impossible de lui laisser tout le travail. Il a fallu que j’organise tout en décembre, en pleine période d’expertise et d’analyse. Il a fallu bien appréhender le boulot à faire afin de mettre les personnes compétentes à chaque poste. Dès le début de l’année, Philippe et Gautier Levisse, l’ingénieur du projet, ont travaillé en binôme. Petit à petit, ils ont gagné en autonomie et j’ai pu commencer à m’entraîner, à préparer ma saison. On était une douzaine à plein temps, sans compter Jeff Cuzon et son équipe qui ont travaillé sur les systèmes électrique et électronique et les gens de Décision qui sont venus trois semaines. Ce qui est compliqué, c’est de bien gérer le temps pour qu’il n’y ait pas de temps morts et bien partitionner les différentes tâches pour ne pas se gêner les uns les autres. Le travail a du être fait en décalé, par roulements. Cela nous a permis de tout faire à temps. Je suis super content de l’équipe. Ils ont tous fait un super boulot et ont tous apporté leur pierre à l’édifice pour la reconstruction du bateau. Philippe et Gautier ont réussi à faire en sorte que tout soit fait dans le bon timing. C’est très agréable. Tous les bateaux partent en chantier l’hiver avant un Vendée Globe. Mais chez nous, c’était une autre histoire. Le bateau était proche d’une épave. C’est déjà une grande chance qu’on ait pu le récupérer. L’équipe a fait un boulot vraiment exceptionnel et je les en remercie. On est content de voir le bout tunnel et que ça redémarre aujourd’hui.

Quel est ton programme à venir ?
Nous allons participer au Grand Prix Guyader juste avant de convoyer le bateau pour la première étape du Tour de l’Europe en équipage entre Barcelone et Lisbonne. La seconde étape en solitaire entre Lisbonne et La Rochelle fait office de qualification pour le Vendée Globe. Cela va permettre de tester le bateau et le matériel, même si la phase de fiabilisation durera jusqu’en septembre. Cheminées Poujoulat sera aux Tonnerres de Brest en juillet pour faire partager notre travail et la préparation aux sponsors. Les pièces maîtresses du bateau seront ensuite démontées pour être contrôlées dans un souci de fiabilité. Suivront ensuite les entrainements en configuration Vendée Globe, la préparation et des RP.
 

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