A chaud, quel est votre sentiment sur la course ?
« Nous terminons à la 5e place. Si nous prenons en compte seulement le résultat, forcément, nous sommes un peu déçus. C’est toujours dur de se faire décrocher mais nous n’avions qu’à être meilleurs. Par ailleurs, il y a quand même différents éléments de satisfaction. D’abord, nous parvenons à laisser Groupe Bel, qui a subi à peu près les mêmes conditions que nous, dernière nous. Ensuite, nous sommes quand même contents d’avoir pu régater et utiliser le bateau car après l’immense chantier réalisé cet hiver, c’est quand même quelque chose. »
Vous l’avez dit, vous avez été particulièrement déçus de vos choix lors de la première nuit ?
« C’est vrai. Je ne suis pas très content de ce qui s’est passé car nous n’avons pas tenu le projet de navigation que j’avais mis en place avant le départ. Nous pensions aller dans l’est, comme l’ont fait Virbac Paprec 3 et PRB mais à un moment donné, nous avons imaginé que ce serait mieux d’essayer de profiter d’un passage plus venté. Cela a d’ailleurs fonctionné avec la première bulle, malheureusement, cela n’a pas été le cas pour la seconde. Dès lors, de gros écarts se sont creusés. Certains, comme Macif et Banque Populaire, ont réussi à revenir. Nous et les autres, nous avons raté le train. Nous n’avons pas eu de chance, nous n’étions jamais dans les bons timings. »
On l’a notamment vu à Gibraltar…
« Oui, là, nous avons payé cher le fait d’être derrière puisque les premiers se sont échappés avec la marée alors que nous, nous sommes passé un poil trop tard et nous avons pris la renverse, avec des courants de quatre nœuds dans le nez… Ca a été difficile, surtout que le vent est complètement tombé à ce moment-là. Nos nerfs ont alors été mis à rude épreuve, c’est le moins que l’on puisse dire. Cela a aussi été le cas au large du cap de Nao, au sud-est de Valence. Nous sommes restés collés alors que les autres sont passés comme des fleurs. C’était d’autant plus dur que l’on voyait revenir à quelques longueurs de notre tableau arrière Groupe Bel et Acciona 100% EcoPowered. »
Le fait, justement, de vous retrouver au contact, en particulier avec l’équipage de Kito de Pavant, vous a toutefois permis de jauger la vitesse de Cheminées Poujoulat…
« Absolument. C’est l’un des points positifs de cette première étape. Nous avons pu constater que la vitesse, nous l’avons. Là-dessus, il n’y a pas de souci. Le bateau va bien et il était intéressant d’avoir pu se confronter à Groupe Bel pour le confirmer, notamment dans le tout petit temps où là, nous avions quand même quelques interrogations. C’était aussi bien de ne pas être tout seul pour le moral. A ce sujet, c’était fou de se retrouver à nouveau ensemble au cap Saint-Vincent alors que nous avions pris, l’un et l’autre, deux options très différentes. De notre côté, nous avions préféré essayer d’attraper du thermique près des côtes espagnoles alors que lui avait choisi d’aller au large et de jouer en bordure de la bulle. Il a bien fait mais c’était risqué. Quoi qu’il en soit, nous avons pris l’avantage et nous l’avons gardé jusqu’au bout malgré le fait que le bateau soit dur. »
C’est-à-dire ?
« La configuration dans laquelle se trouve actuellement Cheminées Poujoulat est encore très dure. A chaque transition, à chaque changement de voile, il y a beaucoup de temps de perdu. Comme je l’ai déjà dit à Barcelone, une fois que le monocoque est établi, ça va, mais c’est vraiment compliqué d’y arriver. Cet état de fait n’est pas lié à la puissance du bateau mais à la configuration actuelle des voiles. Nous avons prévu d’en modifier la géométrie mais nous ne pourrons pas le faire avant notre retour à Brest, notre base. Idem pour ce qui concerne les dérives ou l’ergonomie de l’intérieur du bateau. Si nous n’avions pas raté les deux transats de l’année dernière (la Transat Jacques Vabre et la Transat B to B, ndlr), nous aurions pu tirer des enseignements à ce moment-là. Nous ne pouvons les tirer qu’aujourd’hui, c’est dommage, évidement. »
Vous ne changerez donc rien d’ici au départ, samedi, de l’étape en solitaire entre Cascais et La Rochelle ?
« Nous n’avons pas le choix, ce que nous devons améliorer ne peut l’être qu’au chantier. C’est sûr, c’était dur en équipage, alors ça risque fort d’être très compliqué en solo. On va voir. »