Quel est votre sentiment à l’issue de cette deuxième étape entre Cascais et La Rochelle ?
« Mon sentiment est mitigé. Le résultat est finalement un peu conforme à celui que nous attendions. Nous ne sommes clairement pas au même niveau de préparation que les autres et, forcément, c’est pénalisant. La conclusion aujourd’hui est identique à celle que nous avions pu tirer à l’issue de la première étape, entre Barcelone et Cascais : nous devons changer la configuration des voiles car, pour l’heure, c’est vraiment dur. Et le fait est que lorsque tout ne fonctionne pas, ou pas bien, on se met dans le rouge. Là, c’est totalement mon cas, j’arrive plutôt rincé. »
De fait, cette étape de 2 300 milles a été intense avec de nombreuses phases de transitions à négocier, du vent, de la molle, du portant, du près...
« C’est clair, cette étape s’est avérée très complète. L’avantage, c’est que cela nous aura permis de tester beaucoup de choses, de passer en revues presque tout le panel de voiles à bord même si de ce côté là, je n’ai pas été très chanceux. Outre les problèmes de géométrie actuels – que nous avons prévu de modifier dès notre retour à Brest -, j’ai aussi été handicapé par la perte de mon grand spi d’abord, à hauteur de Sao Miguel. A cet endroit, le pilote automatique a lofé sans raison apparente. Nous allons devoir tenter de comprendre ce qui s’est passé car c’est franchement bizarre. Dans la foulée, 5 ou 6 heures après, j’ai aussi déchiré mon spi de brise. Pour celui-là, l’explication est plus simple. Il était déjà à bord au moment de notre avarie lors de la Transat Jacques Vabre et il avait alors pris le fioul, etc... En conséquence, il avait assez logiquement quelques faiblesses. Mais le plus embêtant, c’est finalement les accrocs dans mon Code 0 faits le lendemain du départ, dans la dorsale. Dans un trou sans vent, la voile s’est abimée dans les barres de flèches et j’ai été très pénalisé de ne pas l’avoir sur la dernière partie entre le Fastnet et La Rochelle. J’ai bien essayé de le réparer mais en vain. J’y ai passé près de dix heures mais la molle que j’attendais pour terminer le travail à l’entrée de la Manche n’a pas duré suffisamment longtemps. J’ai terminé complètement sous-toilé, avec, en conséquence, un angle pas terrible. Au classement, je l’ai payé cher, Macif et Banque Populaire en ont profité pour me passer devant. »
Lors de cette dernière partie du parcours dont vous parlez, vous avez également connu quelques soucis de connexion...
« Oui et plus précisément des problèmes de réception car tous mes appareils fonctionnaient correctement. La voile en carbone les a sans doute masqués. Le résultat, c’est que privé d’informations météo fiables et récentes, j’ai privilégié la vitesse sur le cap. Evidement, comme il aurait fallu serrer le vent, j’ai perdu beaucoup de milles là-aussi. »
Reste que vous avez pu observer que le bateau va bien. Vous avez notamment parcouru 457,7 milles en 24 heures le 31 mai !
« Oui, ça c’était bien. Bien de s’approcher si près du record établi par le Britannique Alex Thomson en 2003 (468,72 milles en 24 heures, ndlr). Le fait est que Cheminées Poujoulat a des chevaux sous le roof et qu’il n’y a pas vraiment d’allure où il ne va pas bien. Mon équipe et moi devons encore peaufiner certains détails pour qu’à bord, tout fonctionne de façon fluide, que les manoeuvres soient moins dures, mais c’est certain, quand le bateau est stabilisé, ça envoie, c’est nickel. Sur le long bord entre les Açores et l’Irlande, sous petit gennak, là, ça allait vraiment vite, c’était super sympa ! Je me suis éclaté ! Ce que l’on peut dire quand on voit ce qu’il reste à faire et comment le bateau se comporte aujourd’hui, c’est que nous serons bien prêts pour le Vendée Globe en novembre prochain. »