Des centaines de milliers de personnes auront arpenté patiemment les pontons des Sables d'Olonne d'ici au départ et samedi, ils seront encore là, fidèles à l'émotion, pour accompagner les concurrents dans leur sortie du chenal. L'admiration et l'engouement de ce public conquis agiront comme un catalyseur d'énergie qui poussera les marins vers leur rendez-vous océanique. Mais avant cette ultime communion, il reste à peine deux journées aux marins pour tenter d'opérer la meilleure des transitions entre la terre et la mer. Un "voyage" souvent délicat à engager dans cette dernière ligne droite. En la matière, une préparation au cordeau se révèle le meilleur des passeports, comme le confirme Bernard Stamm : "Le bateau est prêt donc ça aide à faire les choses plus sereinement. Le départ approche, il y a beaucoup de monde, des gens qui viennent de loin et c'est plus compliqué parce qu'on n'a pas forcément beaucoup de temps à leur accorder. Il faut juste que j'essaie de trouver un ou deux instants pour faire mon travail, me concentrer sur le départ, faire de la météo. Il y a comme un check-up qu'on fait dans la tête pour imaginer ce qu'on va devoir utiliser du bateau les premières heures de course et comment on va le faire. Ce travail est difficile à faire en même temps que de répondre aux différentes demandes".
Je me réjouis d'y être !
Malgré cela, l'imminence du départ est plus que palpable. Si le skipper de Cheminées Poujoulat est bel et bien encore physiquement là, son regard donne de plus en plus de signes d'ailleurs et verse vers des horizons dégagés. L'homme a hâte de larguer les amarres et ne s'en cache pas : " Juste avant de partir on essaie de penser à ce qu'on aurait pu oublier et comme le bateau est chargé, je pense qu'on n'a rien oublié. On est au départ et visiblement on a réussi à faire en sorte que la préparation se passe plutôt bien. Maintenant on va faire la course et je me réjouis d'y être. J'attends tous les moments avec impatience, le premier coucher de soleil, le passage de l'équateur, le cap Horn... tout ça dans le but de voir l'arrivée ".
Pas de complication majeure
Mais avant le dénouement et avant même le développement de l'intense régate qui s'annonce autour du monde, il faudra en passer par une introduction en forme d'adieux aux côtes vendéennes. Un moment toujours délicat tant les bateaux spectateurs seront nombreux pour vivre l'évènement. Heureusement, les dernières données météorologiques s'annoncent de nature à favoriser l'envol des grands oiseaux. En charge de la performance au sein du Team Cheminées Poujoulat, Philippe Legros est l'homme des cartes et de la stratégie du début de course. Il détaille les grandes tendances : "Le départ va se dérouler sous l'influence d'un front froid. Il y a une dépression sur l'Atlantique Nord qui nous envoie un peu d'humidité et un passage de front proche du moment du départ, avec du vent. Il faut s'attendre à une quinzaine de nœuds au moment du coup de canon samedi. Derrière ça monte vite. A 14 heures TU, il y a déjà 24 nœuds, soit dix nœuds de plus en deux heures. Les bateaux devraient partir au près en tribord amures avec une première nuit peut-être un peu musclée. Les modèles américains et européens qui sont les plus fiables, concordent jusqu'au cap Finisterre. Si ça reste comme ça, il va falloir chercher un compromis avec un peu de moins de toile pour essayer de garder le bateau plus manœuvrant qu'un peu surchargé ". Une situation qui a de quoi rassurer Bernard Stamm : " La météo aurait pu être bien plus compliquée que ça. En termes de manœuvres, ce n'est pas trop difficile. C'est plutôt un départ où les bateaux vont pouvoir s'en aller. Ce ne sera pas un jeu de quilles en sortant dans le Golfe. Il n'y a pas de complication majeure".
Dimanche au cap Finisterre
Dès dimanche midi, les concurrents devraient être au large du cap Finisterre et voir se présenter l'heure des premiers choix, entre une route au large ou une autre les invitant à raser les îles Canaries. De cette inclinaison stratégique dépendra le temps à l'équateur, un premier point de passage qui devrait intervenir dix jours après le départ. Mais d'ici là, Bernard Stamm et Cheminées Poujoulat ont encore deux jours pour prendre ce que la terre a à leur offrir.