Comme pour mieux échapper à l'inévitable pression du départ, c'est au dernier moment que Bernard Stamm a gagné les pontons vendéens ce matin. Accordant un mot, un regard, un geste à chacun de ses partenaires et aux membres de son équipe, il ne cachait rien de l'envie d'y aller. A 9h30 sous des applaudissements nourris, il larguait les amarres pour gagner le chenal et recevoir les honneurs d'un public incroyablement nombreux de part et d'autre du chenal. Riche de cet enthousiasme et cette ferveur si caractéristiques des Sables d'Olonne, il gagnait alors la zone de départ, accompagné par trois de ses fidèles. S'acquittant des dernières analyses météo en compagnie de Philippe Legros, responsable performance du Team Cheminées Poujoulat, le Suisse s'offrait même le luxe d'une petite sieste avant la solitude. A 13h02, sans brusquer le protocole, il faisait une entrée en scène mesurée dans une quinzaine de nœuds de vent et une mer relativement formée. Allongeant peu à peu la foulée, sous grand voile haute, Cheminées Poujoulat revenait sur la tête de flotte jusqu'à s'emparer du commandement. Une position pour le moment symbolique mais de nature à le laisser partir dans les meilleures dispositions qui soient. Dans les prochaines heures, le vent devrait monter en gamme jusqu'à atteindre les 25 nœuds et présenter aux solitaires une première nuit un peu musclée. De quoi les plonger d'entrée dans le vif de leur sujet et leur donner ce qu'ils sont finalement tous venus chercher : le bonheur de voir des années de travail prendre forme à coup de grandes chevauchées.
Ils ont dit :
Bernard Stamm : "Ce n'est pas facile ces départs. Il y a beaucoup de monde et beaucoup de gens qu'on aime bien. Je ne crois pas qu'on puisse être habitué à ça. C'est comme les mers du Sud, ce n'est pas parce qu'on y est allé qu'on connait ! J'ai déjà vu ces départs mais c'est chaque fois différent. C'est bien... C'est le moment le plus dangereux du Vendée Globe. C'est la seule fois où les vingt bateaux sont au contact. Il faut faire attention. Une fois que ces projets là aboutissent à un départ, il faut y aller. C'est un gros travail d'équipe et tout ce travail doit être tout à coup porté par une personne".
Frédéric Coirier, Président du Directoire du Groupe Poujoulat : " On a le cœur un peu serré. On sent qu'il y a une petite pression très positive qui monte. C'est un gros travail de préparation. C'est quatre ans de travail qui aboutissent, toute une entreprise qui s'est mobilisée autour de Bernard, toute une équipe technique qui a beaucoup travaillé. La course se gagne, comme dans l'entreprise, au moment de la préparation. Tout ce qui devait être fait a été fait et c'est très positif. Le plus important c'est que Bernard fasse ça avec plaisir, qu'il gère bien son corps et sa machine parce que c'est long, et qu'il tire toute la quintessence de ce bateau qui a été construit avec beaucoup de partenaires. Nous allons mettre beaucoup de force et d'énergie autour de lui pour essayer de lui apporter encore un peu plus de vitesse".