Bernard Stamm veut du vent pour ses 49 ans !

28.11.12, 17:12
Images embarquées © ThMartinez / Sea&Co
Déjà vingt jours dans ce Vendée Globe et c'est l'Atlantique Sud qui sert actuellement de terrain de jeu à la flotte. Au large du Brésil, les premiers doivent composer avec la présence forte de l'anticyclone de Sainte-Hélène et la nécessité de contourner cette zone sans vent. Un premier passage très stratégique laissé libre à l'interprétation de chacun. En troisième position à 200 milles du leader, Bernard a choisi un décalage plus Sud que son concurrent direct, le Britannique Alex Thomson. Un positionnement assumé bien que considéré comme un dommage collatéral de ses problèmes de génois dans le Pot au Noir l'obligeant à une route plus serrée. Le skipper de Cheminées Poujoulat passe pour le moment avec succès au travers des mailles de la Belle Hélène. Un présent anticipé pour celui qui fête aujourd’hui son quarante-neuvième anniversaire.

Souvent considéré à tort comme un "taiseux" Bernard Stamm n'est surtout pas homme à manier la langue de bois et n'a rien d'un expert de l'intoxication. Ainsi, n'est-il pas de nature à cacher sa perplexité ou sa déception quand elles existent, ni à taire les problèmes techniques quand la concurrence les étouffent d'un lourd secret. Du bord de Cheminées Poujoulat, on dit les choses, comme en témoigne une conversation ouverte entre la presse et le Suisse mardi soir : "Je ne suis pas très bien placé, je ne vois pas l'issue. Il y a de la grosse molle devant et je suis un peu inquiet de là où je suis positionné. Ma position actuelle émane de la suite du Pot au Noir, quand j'étais très à l'Est parce que j'étais sous solent alors que j'aurais du être sous génois. C'est une position un peu obligée ". Contacté à l'occasion de la vacation d’hier, le navigateur venait toutefois tempérer les doutes de la veille : "C’est plutôt mieux que prévu. Ciel bleu, avec quelques nuages, la mer est belle et calme. Il y a peu de vent, je marche à 8-9 nœuds sous spi. J’essaie de me tenir sur un petit front en dessous de nous, au nord de ce machin-là pour garder du vent autant que je peux ".

Parler, ne rien taire !
On ne cache donc rien du côté de Bernard et on évoque même les petits soucis techniques qui embarrassent et parasitent le quotidien d'un marin. En première ligne, ce fameux génois qui s'est abimé dans le Pot au Noir et le hook qui ne voulait plus le lâcher. Une ascension dans le mât et une bonne séance de collage auront redonné ses quatre pattes au chat et obligé le marin à se muer, quelques heures, en alpiniste-couturier-bricoleur. Mais loin de lui l'idée de mettre de côté l'essence même de l'homme qu'il est : "Même si j'ai du bricoler pas mal ces derniers jours, je suis quand même resté un peu skipper ! Heureusement d'ailleurs parce que sinon tu es loin derrière. Mais ça fait du bien de se dire que les caisses à outils ont retrouvé leur place. Sinon c'est la misère, quand ça touche à la performance. En haut, je ne sais pas comment je vais récupérer le hook. Il faudra attendre de mettre des voiles plus petites pour récupérer la fameuse drisse qui est occupée pour le moment. Mais j'ai plus de chances de monter une fois dans le Sud que là, dans la pétole. Si je monte maintenant, c'est que j'arrête le bateau. 25 nœuds au portant, ce n'est pas pire que 15 nœuds au près. Mais des petites bricoles comme j'ai eu à gérer, il y en a chez tout le monde. On peut dire que le bateau est au top. Le gros des soucis peut encore arriver ".

Du vent et de la glisse en guise de cadeau
Pour l'heure, Bernard trace donc sa voie vers la première porte des glaces en ayant pris soin de mettre une pincée de Sud dans sa route. Sur l'eau, on cherche à être le premier à toucher du vent stable et à se laisser aller aux plaisirs de la glisse. A terre, on aimerait faire parler la boule de cristal afin de savoir qui sera le premier à se sortir de ce nœud stratégique. Mais l'écart en latéral est tel, qu'il est bien difficile de jouer les devins. En attendant, une chose est sûre, aujourd’hui, le skipper de Cheminées Poujoulat a 49 ans.  Un anniversaire en mer - encore un dirait-on - et tradition oblige, quelques jolis clins d'œil savamment dosés avant le départ par sa compagne et ses proches.  Si le marin les attend avec impatience, comme des bouffées terriennes destinées à le revigorer, il a une idée très précise du cadeau qu'il aimerait déballer dans les prochaines heures : "J'imagine que Catherine et mon équipe m'ont préparé des choses. J'espère qu'il y aura des surprises. J'en parlerai quand je les aurai eues. Mais si je peux choisir un cadeau, je demande 15-20 nœuds de vent, à glisser ".

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