" Il commence à faire froid, avec des grains assez violents. Il y a beaucoup de mer. La bateau est sous l'eau tout le temps. Ca va vite mais comme il y a des vagues assez abruptes, le bateau passe dessous. Ca bouge beaucoup et tout ce qu'on ne fixe pas bien à bord, c'est emporté. On a du mal à tenir debout à bord. On passe de main courante à main courante. Ca tape, ça tape, ça ne s'arrête jamais. Pour aller à certains endroits, je m'attache. Les icebergs c'est pour cette nuit peut-être. On est dans le Sud, c'est parti pour trois semaines d'océans du Sud. Ce que ça change, c'est que c'est l'agression permanente. Le bateau t'agresse. Si tu veux aller à peu près vite, il n'y a quasi pas un endroit à bord où tu es bien.
Tout va bien à bord, mais on commence à griller quelques cartouches. Il faut faire attention parce qu'il faut que ça fasse le tour. A chaque fois qu'on casse une petite chose, c'est une partie du bateau qui s'en va. Là, la mer est assez violente pour arracher un chandelier et ce chandelier, soit on le répare, soit on attend et il entraîne d'autres choses qui petit à petit rongent le bateau. Il faut être vigilant sur la gestion du matériel.
Je suis content d'être là même s'il y a des moments où c'est vraiment dur. Ce n'est pas la solitude, ce sont les conditions de vie qui sont difficiles. Il n'y a rien de sec à bord, tout est trempé. Il faut vivre, dormir, manger, aller plus vite que les petits camarades. C'est en ça que c'est dur".