Bernard sur tous les fronts

18.12.12, 16:32
Australie du Sud - 18 décembre © Globe Surfer
Trente-huit journées de mer déjà dans le sillage des marins et une vie de solitaire qui s'installe dans l'océan Indien. Depuis ce week-end Bernard Stamm a laissé derrière lui le cap Leeuwin et empanné pour mettre à nouveau du Sud dans sa route après une escapade nordiste imposée par Claudia, ce cyclone devenue dépression. Cinquième avec 849 milles de retard sur la tête de flotte, le skipper de Cheminées Poujoulat continue à appliquer la plus totale transparence quand d'autres jouent de l'intox. Question de caractère sans doute, besoin de dire les choses, de les sortir, certainement.

Au portant, au large de l'Australie, Bernard Stamm navigue depuis plusieurs jours en compagnie du Britannique Alex Thomson. Ensemble, ils ont vu l'écart sur la tête de flotte se creuser. Ensemble, ils sont désormais lancés à la poursuite des milles et dévalent les sommets indiens. Poussé par un flux soutenu en cette journée de mardi, le Suisse avouait il y a quelques jours compter fermement sur une accalmie pour mettre le nez dans des réparations indispensables, sous peine de voir la situation se dégrader sérieusement. Un vœux exaucé hier, qui lui a permis de remettre en état sa colonne de winch, mais pas encore de résoudre complètement ses soucis d'hydrogénérateurs. Depuis le départ des Sables d'Olonne le 10 novembre dernier, le skipper de Cheminées Poujoulat n'a rien tu de ses problèmes. Une voile, des réserves de gasoil qui s'amenuisent, une dent... il a tout dit. Et si la liste semble longue, les préoccupations du même ordre doivent forcément exister ailleurs...

Contraste des sentiments
Contacté depuis la Suisse ce matin, le marin évoquait ainsi l'état d'esprit du moment : " Il n'y a pas vraiment de place aux émotions moyennes, c'est tout bon, de l'euphorie, ou du désespoir total. C'est un peu extrême...". Et de revenir sur la liste des chantiers en cours : " Pour l'instant j'envisage juste de faire ma route. Le bateau a déjà pas mal de petits soucis et j'essaie de faire ma route du mieux possible en préservant le matériel. Sitôt qu'il y a des calmes comme hier, j'essaie de bricoler et quand ça avionne comme aujourd'hui, j'essaie de faire ma route pour le mieux. Je n'ai pas rangé ma caisse à outils malheureusement. Chaque fois qu'il y a quelque chose à réparer et qui ne l'est pas avant une période de vent fort, il y a une possibilité de dégradation. J'ai réussi à remettre en route ma colonne de winch in extremis avant que ça ne rentre. Les hydrogénérateurs, je ne peux pas les utiliser à ces vitesses là ".

Plantés magistraux
Depuis plusieurs jours maintenant, l'Indien malmène son monde, et l'entrée prochaine chez son voisin Pacifique ne devrait pas venir apaiser franchement les choses. Quand certains se pressent déjà sur les pistes enneigées, Bernard Stamm, lui, la joue slalom aquatique et rencontres animales : " Il y a des oiseaux, j'ai vu des dauphins hier soir. Aujourd'hui il fait beau, il y a un ciel de traîne. Il y a 30 nœuds de vent mais par contre la mer est mauvaise. Il y a des grandes vagues abruptes et le bateau part en survitesse dedans et au fond de la vague, il fait des plantés magistraux. Ce n'est pas facile ".

En forme
Dans quelques milles, on annoncera la mi-course et ce premier seuil psychologique qui fait que chaque jour passé rapprochera de la maison quand jusqu'alors on s'en éloignait. Viendra également l'heure d'un premier état des lieux ou de forme, concernant les hommes. Un constat que le skipper de Cheminées Poujoulat dresse régulièrement et qui lui fait dire : " On sent le mois et demi de course. Il y a de la fatigue mais ça na va pas trop mal. J'arrive à gérer à peu près mes temps de sommeil, ma nourriture ". Une dent sous haute surveillance et un marin qui prend soin de lui, le physique va bien et le moral aussi. La route est encore longue, très longue.
 

Newsletter

Twitter

Facebook