Avant tout, Bernard est une personne que j'apprécie autant sur l'eau comme concurrent qu'à terre comme ami. Sur ce Vendée Globe, il incarne parfaitement depuis le début de la course, l'image de ce qui fait que le Vendée Globe est ce qu'il est.
Tous les actes qu'il a effectué sont ceux que tout bon marin aurait fait.
Le comité de jury a pris une décision sur des faits précis annoncés par Bernard se référant au texte du règlement du Vendée Globe. Il n'est pas question de l'accabler, les personnes qui le composent sont intègres et indépendantes.
Ceci étant dit, je m'interroge sur plusieurs points :
Est-ce qu'un règlement, aussi carré et rigide soit-il, ne peut laisser un peu de souplesse compte tenu des éléments connus ? On connaît l'intégrité de Bernard, on a pu le vérifier une nouvelle fois dans ses commentaires. J'ai vraiment le sentiment qu'il a subi les événements avec une priorité, celle de préserver son bateau et l'obstacle qui s'est invité derrière lui dans l'axe du vent.
La décision a été annoncée brutalement, est ce qu'un temps de réflexion complémentaire aurait été superflu? Je pense que non. Cela aurait peut être permis d'écouter ceux qui, dans des conditions similaires, ont dû faire escale sur le Vendée. Le retour d'expérience des uns ou des autres aurait pu enrichir la réflexion du comité, du jury.
Lors d'une telle annonce, il faut penser à celui qui est encore en mer au milieu du Pacifique. Quel est son état d'esprit, sa fatigue?
Le cas à juger a certainement été un vrai casse tête pour le jury, j'aurais souhaité qu'intervienne dans ce comité, pour ce cas précis, l'avis de marins expérimentés. La décision est si lourde de conséquences pour le skipper visé, si lourde à porter pour ceux qui la prennent, qu'il me parait justifier de la partager.
Sa décision de faire ouvrir son dossier me paraît légitime et appropriée, en attendant, je souhaite qu'il puisse continuer son parcours qu'il a brillamment mené depuis le 10 novembre dernier.
Bonne route Bernard, on est tous avec toi.
Marc Guillemot