Au large de Buenos Aires

15.01.13, 16:11
Vu du ciel © ThMartinez / Sea&Co
Après 66 jours de mer, Bernard poursuit sa remontée dans l'Atlantique Sud, négociant actuellement une bulle anticyclonique au large de Buenos Aires qui ne lui permet pas d'aligner les milles à la vitesse grand V. Pour autant, le skipper de Cheminées Poujoulat tire profit de cette accalmie pour faire un tour complet de sa monture. Interrogé lors d'une vacation ce jour, il dessine la carte postale du moment et revient sur son quotidien de marin hors course. A 5500 milles des Sables d'Olonne, le moral est au beau fixe pour le Suisse.

Les conditions du moment
" En ce moment ce sont de belles conditions. C’est assez long, on est en train de passer une bulle anticyclonique dans pas beaucoup de vent, voire pas du tout. Ce n’est pas très agité.
Je suis au niveau du Rio de la Plata à la latitude de Buenos Aires. On passe une première difficulté au niveau du vent avec cet anticyclone qui nous barre la route. Là je suis en train de la passer et ensuite on va remonter le long des côtes du Brésil.
Ca fait deux jours que j’ai pas mis le ciré, c’est agréable. La peau respire de nouveau et la température commence à remonter. Il fait beau et on peut faire sécher les habits et le bateau. Il y a trois jours, au niveau des îles Falkland, j’ai eu le maximum de vent que j’ai pu avoir sur le Vendée Globe ; un passage de front bien musclé. Derrière ça, lorsque le vent a molli, c’était un peu le rodéo avec les vagues.
Avec le temps qu’il fait maintenant, il y a moyen de bien faire le tour du bateau, de réparer des petits trucs et continuer de réparer les gros trucs. Là, le bateau se porte bien. J’ai bientôt récupéré tout ce que je pouvais récupérer.

La navigation hors course
" Je pense que de toute façon ça change quelque chose mais j’essaie quand même de naviguer au mieux et j’ai toujours des concurrents autour, alors moi, je fais ma petite course de mon côté. Et puis, il y a une autre réalité. L’autonomie je l’ai retrouvée au niveau du fuel, par contre j’ai toujours la même autonomie au niveau nourriture, il ne faut pas que je traîne. J’avais embarqué 82 jours pleins et un peu de rab au cas où ça trainerait. Je ne suis pas en manque de nourriture mais quand même, je n’en ai pas pour 120 jours.

Le sommeil
" J’ai pu me reposer, mais seulement après le front des malouines parce que jusque là c’était compliqué. Après le ravitaillement au Horn, ça naviguait dans les îles et dans les glaces et ce n’était pas facile de se reposer. Ensuite il y a eu le coup de vent, donc il fallait être sur le pont.
Depuis, j’ai fait une ou deux “tombées” et j’ai pas mal rechargé mes batteries. En plus, les conditions sont plus faciles. Tout se simplifie quand le bateau ne fait pas des sauts de vagues et qu’il n’est pas sous l’eau en permanence.

L'état physique du marin
" Côté santé, ça va. Les mains c’est ce qui est le plus exposé, la moindre petite coupure se referme très mal. J’ai des blessures que je me suis faites juste après le départ qui ne sont pas réparées. Ca s’accumule. Ca se réparera à terre. J’ai la même chose avec les pieds. Quand on passe des jours et des jours dans les bottes, ce n’est pas génial. C’est le cas pour la peau de manière générale. J’essaie de mettre des crèmes.

Le moral
" Côté moral, c’est sûr que ça a pu être compliqué, mais je ne l’ai jamais perdu. Il ya eu des passages difficiles, mais j’ai fait cette course quand même. Le mât n’est pas tombé, je n’ai pas perdu la quille... J’ai eu des soucis techniques, mais globalement c’est un bateau qui est très performant et qui n’est vraiment pas loin d’être utilisable à 100 %. C’est juste dommage ces problèmes techniques.

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