Être accueilli à Plymouth sous un crachin typiquement anglais n'est pas forcément très réjouissant. Pourtant c'est bien dans cette ville du Sud de l'Angleterre que les 347 bateaux engagés mettront fin à leur course contournant le phare du Fastnet. Pour Bernard et Philippe, le terme de cette épreuve pourrait se substituer au mot "duel" tant les deux marins du monocoque Cheminées Poujoulat n'ont eu de cesse de se battre contre l'IMOCA "Hugo Boss" du Britannique Alex Thomson. Pour autant le skipper suisse notait davantage les bon points de la régate. "C'était une course très positive mais compliquée en météo. On se sort de mauvaises situations à plusieurs reprises donc c'est très bien pour la suite de notre collaboration et la prochaine Transat Jacques Vabre. Notre monocoque a une très bonne vitesse par rapport aux autres, on a fait de belles manœuvres, en fait ce fut un excellent entrainement " décryptait Bernard Stamm à son arrivée à Plymouth.
Physiquement éprouvant
"Physiquement ça a été très dur car on avait beaucoup de toiles dehors. La gestion de la nutrition et du sommeil a été difficile mais nous avons réussi a dormir un peu avant le Fastnet puis davantage après au reaching. Nous étions bien lucide pour l'arrivée", rajoutait le skipper suisse. "On a attaqué jusqu'au bout pour doubler Hugo Boss mais tous les bateaux campaient sur leurs positions pour garder leurs places" spécifiait-il ce matin avant de retraverser la Manche pour regagner les côtes bretonnes.
De son côté, Philippe Legros soulignait l'importance des automatismes travaillés avec Bernard tout en livrant ses impressions après ces deux jours et demi de navigation : "ça a été une course où il fallait éviter les pièges ; à chaque passage clé de la course un concurrent disparaissait comme Mare après le Solent, Safran au Cap Lizard et PRB aux îles de Scilly. Nous sommes contents d'être restés dans le groupe de tête tout au long de le course. Passé le Fastnet ça à été un gros soulagement car les 42 virements et 12,6 tonnes de déplacement de voiles en 30 heures en plus de la navigation et des réglages nous ont beaucoup fatigué. Nous n'avons pas mangé et pas dormi plus de 5 minutes avant le passage du phare. On s'est rattrapé après mais au final je n'ai utilisé qu'une portion de nourriture journalière sur les trois prévues. Sur la fin de la course, PRB nous a fait très peur. Le groupe de quatre dans lequel nous étions est descendu avant le front chaud. Vincent Riou et Jean Le Cam sont descendus avec et il nous ont repris 26 milles en 12 heures, nous ne pouvions rien faire car nous n'avions pas le même vent ni la même direction. À quelques milles de l'arrivée on l'a verrouillé".
Option déterminante aux îles de Scilly
Philippe Legros a évoqué lui aussi la dureté de ces IMOCA : "C'était éprouvant comme toujours sur ces bateaux. Quand le vent est plus fort, c'est finalement moins physique car on a moins de surface de toile. En dessus de 18 nœuds c'est très dur car on a toutes les voiles dehors". Le co-skipper est revenu également sur un passage clé de la course, aux îles Scilly : "l'option qu'a réalisée Maître Coq aux îles Scilly lui a permis de nous devancer, pour contourner ces îles on doit respecter trois DST qui réduisent le nombre d'option tactique. Au final il y avait une petite possibilité par le Sud et une par le Nord. Maître Coq a prolongé vers l'Ouest avant de recroiser devant nous et contrôler par le Nord. Ça a été notre mauvais choix de la course", affirme Philippe Legros dès son retour à terre. Une option déterminante que confirme Bernard Stamm dans son analyse : "avant les Scilly, on aurait dû garder la direction Ouest comme Jérémy Beyou".
Troisième lors de l'édition précédente en 2011, la 45ème édition de la Rolex Fasnet Race n'aura pas permis à Bernard Stamm de goûter une nouvelle fois aux joies du podium. Souhaitons que l'estrade aux trois marches ait préféré attendre le Suisse et son partenaire à Itajaí au Brésil, terre d'accueil de la prochaine Transat Jacques Vabre qui s'élancera du Havre le 3 novembre prochain. D'ici là les deux compères vont prendre part aux entraînements du centre de Port-La-Forêt et participer à L'Azimut Trophée à Lorient du 20 au 22 septembre. Autant d'occasions pour continuer à se mesurer à la concurrence.