Un départ un peu chaotique, la faute à une rencontre fortuite avec une bouée de ligne et une mauvaise gastro-entérite du skipper, le duo de Cheminées Poujoulat a fait ensuite preuve d’une belle maîtrise dans la tempête, au milieu du golfe de Gascogne, et d’une vitesse remarquable dans les alizés le long des côtes portugaises au point de s’emparer un temps des commandes de la flotte des IMOCA. Puis, coup du sort, lors de la descente entre les Canaries et le Cap-Vert, il s’est littéralement fait piéger sous un nuage. Résultat : plus de huit heures durant lesquelles Bernard Stamm et Philippe Legros ont lutté, en vain, pour faire redémarrer le bateau. Changement de voiles, changement d’amure… ils ont tout tenté pour ne pas rester trop longtemps encalminés. Mais rien n’y a fait et leurs concurrents, pourtant décalés de quelques milles – voire de quelques mètres – seulement, ont profité de l’occasion pour revenir et même doubler.
Rebondir, encore et toujours
Les sentiments d’impuissance, de colère et de frustration, inévitables dans ce genre de situation, ont cependant rapidement fait place à l’envie de repartir en chasse et d’attaquer. Et pour cause, les deux hommes ne sont pas du genre à se laisser abattre. Et même si PRB et Macif, le premier pour des raisons techniques et le second par stratégie, n’ont finalement pas souffert des dévents du Cap-Vert malgré une option risquée au travers des îles, les efforts de Bernard et Philippe ont fini par payer dans la première moitié du Pot-au-Noir. Le tandem est, en effet, parvenu à réduire son écart de 100 à 25 milles sur le premier. Malheureusement, la réussite lui a fait cruellement défaut dans deuxième partie de la Zone de Convergence Inter Tropicale, et ce malgré un décalage à l’ouest qui aurait pu se révéler intéressant.
Encore 2000 milles devant les étraves
Ce lundi, alors qu’il s’apprête à franchir l’équateur, cette ligne imaginaire qui sépare les hémisphères nord et sud, le binôme retrouve avec soulagement une certaine stabilité de l’air, grâce notamment aux alizés du sud-est dont il profite désormais. C’est donc bien calé au portant, poussé par une vingtaine de nœuds de vent, que Cheminées Poujoulat poursuit sa route vers le sud du Brésil. Et c’est d’ailleurs un très long bord bâbord amure qui s’ouvre aujourd’hui. Un bord sur lequel il est important de soigner sa trajectoire et d’être rapide. Deux choses que savent parfaitement bien faire Bernard et Philippe qui ont, plus que jamais, le mords aux dents. De fait, ils le savent, les 2 000 milles qu’il reste à parcourir réservent bien des surprises, notamment ceux entre le cap Frio et l’arrivée. Le match continue !