Comme prévu, c’est à 13 heures précises que le coup de canon de la 3e édition de la Barcelona World Race a été donné, ce mercredi, au large de la Plaça del Mar par le maire de Barcelone, Xavier Trias. Bernard Stamm et Jean Le Cam, positionnés en bout de ligne en bâbord amure, ont pris un bon départ puis se sont progressivement installés en tête.
Pour les deux co-skippers de Cheminées Poujoulat, pas question pour autant de s’emballer ou de se déconcentrer. Ils le savent, les prochaines heures s’annoncent mollassonnes et particulièrement tactiques. Il va donc falloir rester à l’affût de la moindre petite risée, ajuster sa trajectoire au fur et à mesure mais aussi et surtout négocier au mieux la mer d’Alboran car des écarts conséquents pourraient bien se créer d’ici au détroit de Gibraltar.
« Partir pour un tour du monde, ce n’est pas rien. C’est toujours un moment un peu spécial. Et pour cause, ce n’est pas comme partir au boulot le matin et revenir le soir. Passer trois mois en mer, ce n’est pas anodin », a déclaré Jean Le Cam peu après le dernier petit point météo de l’organisation et quelques minutes avant de larguer les amarres, ce matin. Il n’empêche que c’est avec une vraie sérénité que le Finistérien et son acolyte ont quitté le Portal de la Pau. « Actuellement, il reste beaucoup de questions en suspend concernant la météo des premiers jours de course. Nous n’avons pas toutes les données pour faire nos choix et définir un schéma de course. Nous allons devoir nous adapter sur l’eau. Rien n’est clair mais tout le monde est logé à la même enseigne. Il n’y a donc aucune raison de stresser », a expliqué Bernard Stamm, bien décidé à s’installer aux avant-postes le plus rapidement possible. Et c’est ce qu’il a fait, cet après-midi, dans les tous petits airs catalans (3-4 nœuds de secteur nord-nord-ouest). Car si le tandem Alex Thomson – Pepe Ribes a pris le meilleur départ et a été le premier à enrouler la bouée de dégagement mouillée au large de la plage de la Barceloneta, le duo de Cheminées Poujoulat est ensuite revenu petit à petit pour finalement s’installer aux commandes de la flotte à peine une heure après le coup d’envoi, en jouant avec la houle et en ajustant au plus fin ses réglages.
23 400 milles devant les étraves
« Ca va rester tordu et mou au moins jusqu’à ce soir mais il faudra décider de quel côté passer Ibiza qui se trouve pile sur la route tout en sachant que ça risque bien d’être le bazar avec des tourbillons, du vent un peu dans tous les sens », a précisé le navigateur suisse, toutefois assez peu surpris du scénario qui se profile jusqu’à Gibraltar. « La Méditerranée s’annonce fidèle à se réputation. Les jours qui viennent vont être confus mais l’avantage c’est que cela va ouvrir le jeu sur le plan tactique surtout qu’après le cap de Gate, plus on va descendre, plus ce sera mou. La mer d’Alboran risque bien d’être un vrai passage à niveau. Il faudra être dans le bon wagon », a-t-il ajouté. « Certains routages nous font arriver en Atlantique en 72 heures quand d’autres nous font faire la même chose en cinq jours, c’est dire à quel point la situation n’est pas très claire. Mais moi, je ne m’inquiète pas, à bord, j’ai un Suisse habitué à naviguer sur les lacs où ça tourne dans tous les sens », a plaisanté Jean Le Cam qui espère bien conserver le leadership le plus longtemps possible même si l’aventure ne fait que commencer…