Partis depuis moins d’une semaine de la capitale catalane, les concurrents de la Barcelona World Race font parler leurs penchants naturels et se livrent depuis le coup de canon à une véritable régate océanique.
A grand renfort de placements et de réglages fins, ils avalent les premiers milles de ce tour du monde en double sur un mode figariste. Un rythme loin de les ménager mais qui sied parfaitement au duo de Cheminées Poujoulat adepte de l’exercice du « combat rapproché ». Négociant actuellement le passage de l’archipel des Canaries, Bernard Stamm et Jean Le Cam restent en position d’attaquants, bien installés dans le peloton de tête.
Qui ne tente rien n’a rien ! Respectant l’adage à la lettre, l’équipage Helveto-Français de Cheminées Poujoulat ose se démarquer de la concurrence et le prouve. Après un décalage au Sud, vers les côtes marocaines juste avant le passage de Gibraltar, hier, Bernard Stamm et Jean Le Cam ont pimenté leur route d’une bonne pincée d’Ouest pour tirer parti d’un déplacement favorable de l’anticyclone et avoir un meilleur angle pour aborder le Pot au Noir. Une option qui n’aura pas eu l’effet escompté, les deux marins s’étant retrouvés aux prises avec les petits airs, mais un coup sans conséquence majeure sur le positionnement au sein de la flotte. « On a pensé passer mais l’anticyclone est descendu plus vite qu’on ne l’imaginait, confiait Bernard Stamm ce midi. Je pense qu’il est descendu à sa vitesse à lui et ça n’est pas passé. On cherchait un meilleur angle mais ça n’a pas fonctionné ».
Recadrant leur trajectoire au Sud ces dernières heures, faisant le choix d’une négociation de l’archipel des Canaries en passant dans le couloir entre les îles de Fuerteventura et Gran Canaria, les deux marins ont renoué le contact avec leurs concurrents directs, GAES Centreos Auditivos et Neutrogena, pointant à 48 milles du leader Hugo Boss à 15 heures. Une nouvelle de nature rassurante pour le plus breton des Suisses : « Ca va mieux ! On est revenu. On est juste à côté de Fuerteventura aux Canaries. Il y a du vent, on est sous spi et ça marche bien. C’est sympa de voir un peu de côte mais on ne va pas s’arrêter non plus. Il y a du vent et ça devrait normalement partir par devant jusqu’au Pot au Noir ».
Régate océanique !
Dans cette bataille que se livrent les concurrents de la Barcelona World Race, les écarts restent pour l’heure relativement stables et maîtrisés, démontrant une belle homogénéité au sein du gros de la flotte. Des performances très proches qui confortent Bernard Stamm dans le choix de sa monture, un monocoque Imoca loué à l’Allemand Nikolaus Gelpke : « Je le disais avant le départ, à part les deux bateaux les plus extrêmes – Hugo Boss le plus récent et celui d’Ellen MacArthur (One Planet, One Ocean & Pharmaton) le plus âgé – tous les bateaux sont de la même génération. C’est la seule chose qu’on pouvait constater parce qu’on ne s’était pas confronté aux autres avant de partir. C’est plutôt une bonne surprise. Nous, quand on sera de retour à Barcelone, on sera au top, question connaissance du bateau. Mais ça va déjà pas mal ! ».
Une prise en main plus que réussie qui leur permet aujourd’hui d’assumer parfaitement leur statut de régatiers océaniques et de sortir leurs armes de figaristes : la veille, l’endurance et le sens inné du placement. « C’est un peu ambiance Solitaire du Figaro océanique, admet Bernard. Mais on est conscient qu’on part autour du monde, donc on essaye de se relayer un maximum. Il ne faut rien lâcher, si tu tournes la tête tu es arrêté. On est en permanence un dessus, voire les deux, quelles que soient les conditions ». Et à l’approche du Pot au Noir, premier gros passage à niveau à négocier, la navigation ne devrait rien perdre en intensité…