La nouvelle est tombée cette nuit : Hugo Boss a démâté peu après 22 heures, hier soir, à 370 milles au large des côtes brésiliennes. C’est évidemment une immense déception pour le tandem Alex Thomson – Pepe Ribes qui occupait la tête de la flotte au moment de l’avarie et imprimait un rythme des plus élevés depuis le départ de Catalogne mais c’est aussi un coup dur pour la 3e édition de la Barcelona World Race qui perd l’un de ses favoris.
Il n’empêche que la course continue et que le duo de Cheminées Poujoulat régate toujours au contact avec celui de Neutrogena alors qu’il contourne actuellement l’anticyclone de Sainte-Hélène, particulièrement étendu en cette période et qui les oblige à considérablement rallonger leur route pour rejoindre le cap de Bonne Espérance.
Au 14e jour de couse, alors qu’ils menaient la flotte, Alex Thomson et Pepe Ribes ont rencontré un problème au niveau de leur gréement qui a provoqué la chute de leur mât. Cet incident les a malheureusement contraints à se retirer de la course. « Nous avons appris la nouvelle cette nuit par la Direction de Course. C’est dommage pour la Barcelona World Race qui perd un favori, pour nous mais aussi et surtout pour eux. Alex et Pepe faisaient un travail remarquable depuis le départ et j’imagine à quel point ils doivent être déçus de mettre ainsi fin à leur aventure », a commenté Bernard Stamm, joint ce matin par son équipe. Le skipper suisse sait à quel point il est difficile d’encaisser une pareille avarie mais il a également conscience que cela fait partie intégrante de son sport et reste donc particulièrement concentré sur sa machine d’autant que les conditions, depuis hier, n’ont rien de simple.
De l’instabilité dans l’air
« Il y a de l’air, nous sommes dans l’alizé mais plus nous descendons pour contourner l’anticyclone de Sainte-Hélène, plus le vent devient instable en force et en direction. La nuit dernière, il passait allégrement de 6 à 24 nœuds avec de grosses bascules. A présent, ce n’est pas tellement mieux. Ce n’est donc pas facile car à certains moments, ça avance bien et à d’autres, ça cale un peu. Il faut faire attention à ne pas faire de mauvais changements de voile mais pour l’instant, pour Jean et moi, ça ne se passe pas trop mal d’autant que ça commence à adonner petit à petit », a détaillé le navigateur, pas mécontent, par ailleurs, que l’état de la mer s’améliore progressivement au fil de la descente. « Elle pousse à présent davantage par l’arrière, du coup, à mesure que l’on gagne vers le sud, le bateau tape un peu moins », a déclaré Bernard, plutôt satisfait de sa route de ces derniers jours. « Dans le Pot-au-Noir, nous nous sommes faits un peu décrochés le temps de régler nos problèmes de drisse mais depuis, nous sommes revenus petit à petit et c’est sympa de régater au contact », indique celui qui occupe désormais la tête au pointage et qui se trouve aujourd’hui décalé d’une petite vingtaine de milles plus à l’est que son plus proche poursuivant, le binôme Guillermo Altadill – José Munoz, à 330 milles au large d’Ilhéus, au sud de l’état de Bahia.
A la recherche des meilleurs angles pour la suite
« Nous sommes tous à fond dessus. Le but du jeu est de descendre au mieux le long du Brésil et d’empanner le plus tard possible afin d’avoir le meilleur angle pour rejoindre ensuite le cap de Bonne Espérance. Le truc, c’est de réussir à ne pas se faire piéger dans la bulle et c’est pourquoi nous sommes actuellement en train de faire le grand tour de la paroisse. Le point positif, c’est que, jusqu’ici, nous n’avons jamais été gênés par la direction du vent et nous avons donc toujours pu faire la route que nous avons choisie ce qui ne sera probablement pas le cas des retardataires », souligne Bernard Stamm pas certain, cependant, de parvenir à attraper un fort flux de nord-ouest généré par un processus de cyclogenèse au niveau du cap Frio qui lui permettrait de cavaler à vitesse grand V en direction de l’océan Indien. « Ce vent favorable n’est pas systématique et l’anticyclone de Sainte-Hélène semble plus gonflé aujourd’hui qu’hier. On ne sait donc pas encore si nous allons pouvoir l’attraper ou non. Verdict dans plus ou moins trois jours », a conclu le skipper de Cheminées Poujoulat.