Alors que c’est maintenant dans à peine plus d’un mois que le coup d’envoi de la 37e édition du Tour de France à la Voile sera donné, et que les organisateurs de la course vont détailler le programme de ces trois semaines de compétition à la presse demain, au Parc Nautique de l’île de Monsieur, à Paris, Bernard Stamm nous livre son regard sur l’épreuve. Une épreuve loin de son exercice habituel, la course au large, mais qui réuni, selon lui, tous les ingrédients pour progresser, s’amuser et faire le show. Il n’en fallait évidemment pas plus pour motiver le skipper de Cheminées Poujoulat, récent vainqueur de la Barcelona World Race en double avec Jean Le Cam, à se lancer, même si la bagarre risque d’être rude face aux spécialistes. Mais ceux qui le connaissent le savent, le navigateur suisse n’a pas froid aux yeux, et il sait se donner les moyens de ses ambitions.
Bernard, pourquoi le Tour de France cette année ?
" Ce qui m’a motivé à venir, c’est que ça me manquait un peu de faire de la régate parce que ça fait maintenant longtemps que j’ai dérapé dans la course au large ! (rires) Quand j’étais plus jeune, j’ai beaucoup régaté sur le lac Léman, un peu sur tout ce qui flotte. Contrairement à la majorité de mes concurrents, je n’ai pas commencé par l’Optimist ou le dériveur et je n’ai jamais fait d’école de compétition, mais je trouve intéressant tout ce qui me permet d’apprendre et donc de progresser. De plus, le Diam 24 est bateau sympa. J’ai toujours trouvé les multicoques passionnants mais, bien que j’ai eu la chance de naviguer sur des Maxi lors de campagnes de records, j’ai, en fait, toujours manqué de temps pour faire plus de bateau à deux ou trois coques car j’avais mes projets successifs en 60 pieds IMOCA à gérer. "
Ce sera donc votre toute première participation au TDF ?
" Absolument. Jusqu’à présent, ça ne rentrait pas dans mon programme. A l’époque du Mumm30, j’ai eu parfois quelques propositions pour faire une ou deux étapes mais ça ne m’intéressait pas de faire des piges en express sur un exercice que je ne maîtrisais pas. Ensuite, en M34, c’est carrément le support qui ne me faisait pas envie. De plus, c’était cher. "
Un mot sur le plateau de cette 37e édition ?
" Pour moi, il est exceptionnel car il réuni des compétiteurs d’horizons différents. On retrouve, en effet, des gens qui viennent de l’olympisme, de la course au large, du match race… On a aussi de vrais spécialistes du petit multicoque et des grands spécialistes du Tour de France. Tout ce petit monde va naviguer ensemble. C’est très riche et à mon sens, il n’y a pas mieux pour progresser. Je ne crois pas qu’il existe d’autres régates regroupant toutes ces différentes personnes et c’est parfait car ça ne peut que tirer vers le haut. Bien sûr, il faut pouvoir être capable de se remettre en question, d’apprendre des choses et de remettre en œuvre différemment celles que l’on connait. Ce n’est pas facile car ce n’est pas forcément efficace tout de suite. Parfois, on peut un peu avoir la sensation de ne pas savoir naviguer. Ca peut être un peu dur pour le moral, mais il faut réussir à se dire que c’est normal et qu’on a une grosse marge de progression. Si les autres y arrivent, il n’y a pas de raison que ce ne soit pas notre cas à bord de Cheminées Poujoulat. "
Quel est votre objectif sur ce TDF ?
" Nous ne partons pas avec un objectif de résultat particulier, mais dans le but d’essayer de faire le mieux possible pour apprendre à maîtriser ce type d’exercice. Cela étant dit, il n’est pas question pour nous de nous laisser faire ! (rires) "
Quid des étapes et du format des courses ?
" Je ne connais aucune des villes étapes de la première partie jusqu’à Roscoff. Et encore, Roscoff, je n’y ai pas mis les pieds depuis la réalisation du nouveau port de plaisance ! Pornichet, nous y avons couru un Grand Prix en avril. Les Sables d’Olonne, c’est une ville un peu particulière pour moi puisqu’avec le Vendée Globe, elle a logiquement rythmé ma vie ces quinze dernières années. Roses, je ne connais pas mais j’aime cette partie de l’Espagne et je suis impatient d’y retourner. Gruissan, ce sera aussi une découverte, en revanche à Marseille j’ai participé à des Grand Prix en IMOCA et à Nice, je suis régulièrement passé lors de convoyages. En ce qui concerne le format des courses, je trouve ça bien d’alterner les parcours de type " stadium " et les côtiers car du coup, c’est très complet. J’apprécie aussi le fait de courir à la fois en poules et en flotte. Les manches sont généralement intenses et ça, c’est sympa. Ca promet de belles bagarres. A nous de réussir à être dans le match et de trouver les clés pour prendre de bons départ puis réussir à lancer et relancer le bateau dans les phases de transition. Nous avons un mois devant nous pour trouver des solutions. "