Retour sur l’avarie
C’est arrivé le troisième jour de course et Cheminées Poujoulat était aux avants postes quand Bernard a constaté l’avarie sur la fausse mèche cassée en torsion. «Une seule explication» confie Bernard, «le stick de barre normalement croché sur la barre s'est délogé et est venu se coincer dans la barre d'écoute, pendant que le pilote continuait à forcer sur la fausse mèche pour faire tourner la barre».
A première vue, impossible de faire une réparation rapide et assez fiable pour continuer la course. Il restait alors à Bernard deux options : continuer sur les Açores si la météo et les prévisions de réparation de fortune le permettaient ou revenir en arrière sur la Corogne.
L’option La Corogne mettait un frein sérieux à la poursuite de la course. «Après avoir fait la météo, j’ai décidé de continuer sur les Açores. Mon équipe se chargeant de préparer une pièce pour faire une réparation rapide à Punta Delgada sur l'île de San Miguel ». Reste à traverser l'anticyclone, ce que toute la flotte cherche à éviter en passant au nord ou au sud, et cette bulle est sur la route de Cheminées Poujoulat... Il faut également réaliser la réparation de fortune pour gagner les Açores. «C'est dans un endroit confiné, difficile d'accès et à 30 centimètres de la jupe arrière et de l'eau. Déplacer le palonnier et le coller en place n'a pas été trop dur, par contre en faisant ça je me suis rendu compte que la fausse mèche était en train de se casser en deux. J'ai rapidement coupé une série de jonc dans une latte de grande voile, ensuite je les ai sciés dans le sens de la longueur pour pouvoir les mettre tout autour de l'axe comme une attelle. Pour le mettre en place j'ai affalé les deux voiles pour qu'il y ait le minimum d'effort sur la barre, puis j'ai serré en place les joncs avec de la bande de contention que j'ai trouvée dans la pharmacie. Puis une surliure là-dessus a fini de serrer le tout en place. J'ai hissé les voiles, fait une petite génuflexion pour être sûr, le bateau ne s'est arrêté que six minutes… ».
La réparation bougeait dans tous les sens, mais elle a tenu et Cheminées Poujoulat est arrivé à 2 heures 15 ce matin aux Açores.
Retour en course
La voix de Bernard était claire et joyeuse ce matin, quand il a pu reprendre la mer pour regagner le terrain de jeu qu’il avait cru devoir quitter. Cheminées Poujoulat avait plus de 400 milles de retard sur Thomas Ruyant, le leader des Class40, quand il a repris la course. Pas de quoi démoraliser Stamm : «Je n’ai pas trop regardé la tactique pour le moment, le but, c’est évidemment de remonter le plus possible. C’est reparti, sous spi, il y a 15 nœuds de portant, c’est niquel. J’ai une vraie barre, un bateau comme neuf. Tout va bien. Jeff et Pierre ont fait un super boulot. Ils sont venus avec une pièce qui a été finalisée ici, par des usineurs locaux, eux aussi, formidables. La course peut reprendre grâce à tout ce monde là. C’est top ! »
A 8 heures ce matin, Bernard était 31ème avec 11 bateaux derrière.